La citadelle de Brouage
En apercevant cette étoile de pierre posée au milieu de 16 000 hectares de marais entre Rochefort et l’Ile d’Oléron, difficile d’imaginer que l’océan Atlantique baignait la cité fortifiée de Brouage il y a encore trois siècles. Admise depuis peu dans le club très fermé des « Plus Beaux Villages de France », la cité est blottie au cœur d’un marais qui s’étend sur plus de 3 000 hectares. Le long des sentiers de randonnée, vous rencontrerez hérons, canards, chevalier arlequin ou vanneau huppé. Peut-être même des cigognes blanches qui fréquentent la région depuis la fin des années 1970. Écoutez le bruit du vent dans les roseaux et relaxez vous…
C’est sur ordre de Richelieu (qui souhaitait faire de Brouage sa base opérationnelle pour lancer le siège de La Rochelle en 1628) que l’ingénieur Pierre d’Argencourt édifie les impressionnantes fortifications. Les remparts forment carré de 400 m de côté et sont ponctués de bastions, échauguettes et autres courtines. Deux portes (la Porte Royale et celle de Marennes) permettaient d’entrer dans la citadelle qui abritait un arsenal, des forges, une poudrière, des magasins de vivres, un hôpital et même un port … souterrain ! Avec sa garnison de 6000 hommes, Brouage était devenue une place forte réputée imprenable !
Tout au long des guerres de religions, catholiques et protestants se la disputeront jusqu’à ce que Henri III règle le problème en la faisant “ville royale” en 1578.
A la fin du XVIIe, le célèbre architecte militaire Vauban remodèle en partie les fortifications : elles seront pourtant impuissantes face à un ennemi patient : l’envasement. Oubliée par l’océan, Brouage, comme une célèbre princesse, va s’endormir pour plusieurs siècles.
Mais avant d’être le port de guerre voulu par Richelieu, Brouage fut le premier port européen pour le commerce du sel.
Brouage était l’avant-port du village de Hiers, que l’on aperçoit du haut des remparts ceinturant la cité, qui était à l’origine l’une des nombreuses îles du golfe de Saintonge. il est conçu tout d’abord sans intentions militaires mais pour être un centre de négoce. À partir du XIVe siècle, le commerce du sel de Brouage prit une dimension internationale. Le port devint un des plus importants d’Europe pour le sel et faisait vivre tout un peuple (sauniers, mariniers, pêcheurs de morue, etc.) en rapportant des droits et des taxes au clergé et à la noblesse locale. Jusqu’à 200 bateaux pouvaient venir mouiller dans le port. La cité était alors un lieu d’approvisionnement en sel pour les pêcheurs de morue de Terre-Neuve.
Jacopolis sur Brouage, nom originel de la cité, devint ainsi riche et prospère.
Hiers, le bourg ancien, et Brouage, la citadelle créée au xvie siècle, ont eu une destinée historique liée depuis le début mais les deux communes n’ont effectivement fusionné que le 21 mars 1825. Aujourd’hui rattachée à Marennes, Sous le nom de Marennes-Hiers-Brouage.
Brouage est aussi la commune de naissance du géographe Samuel de Champlain,qui a participé à la fondation et à la colonisation de la Nouvelle-France, et qui est le fondateur de la ville de Québec au Canada.